2024 sera une année électorale en Belgique. Dans ce contexte, le Guide Social souhaite être…
Tout est perdu pour le non-marchand ?
21/06/17
C’est un véritable coup de théâtre qui a secoué la sphère politique belge. Le CdH refuse de gouverner aux cotés du PS. La majorité étant rompue, cela va considérablement modifier le paysage exécutif francophone. Que va t-il advenir des réformes en cours ?
Les conséquences de la crise du Samusocial dépassent le secteur des ASBL et c’est un véritable raz-de-marée qui emporte la sphère politique belge. Le Président du CdH, Benoit Lutgen, a annoncé ne plus vouloir gouverner aux cotés du Parti socialiste en Wallonie et à Bruxelles, à cause de l’implication des élus PS dans les diverses affaires qui secouent le pays. Cette décision bouleverse dès lors la composition de l’organe décisionnel francophone : en attente d’une nouvelle majorité, les commissions parlementaires sont suspendues et la plupart des réformes sont mises en stand-by. Pourtant, de nombreux dossiers importants sont sur le feu. C’est le cas du non-marchand qui se bat depuis des mois et qui commençait enfin à voir les prémices d’engagements de la part des gouvernements régionaux et communautaires. Les syndicats s’inquiètent : si les gouvernements francophones sont chamboulés, que va t-il advenir de ces mois de lutte ?
Un travail inutile ?
« Le peu qui a pu être engrangé pour conclure de nouveaux Accords sociaux pluriannuels, après de nombreux mois de lutte syndicale, est perdu », déplore Christian Masai, secrétaire fédéral du SETCa, dans un communiqué. En effet, cela fait des mois que le secteur non-marchand lutte avec difficulté afin de faire entendre ses revendications . Le gouvernement wallon avait enfin commencé à répondre à leurs attentes. Suite à cette récente crise politique, plusieurs gros dossiers sont donc remis en cause, tels le pacte d’excellence, porté par la ministre Marie-Martine Schyns, la réforme de l’Aide à la Jeunesse sous Rachid Madrane, le statut de salarié des accueillantes d’enfants sur lequel planchait Alda Greoli, la réforme des aides à l’emploi de la ministre Eliane Tilleux et bien d’autres mesures qui ont à présent un avenir plus qu’incertain.
Un nouvelle majorité profitable à la politique fédérale ?
Le risque qui se profile serait une droitisation des différentes structures décisionnelles. En effet, comme l’explique Robert Verteneuil , secrétaire général de la FGTB au journal L’Avenir, il pourrait y avoir un rapprochement du CdH avec le MR qui se répercuterait sur les différents gouvernements régionaux et communautaires. Ces mêmes gouvernement équilibraient l’organe exécutif belge et « tentaient de compenser la politique très à droite du fédéral ». « Ce jeu politique risque de mettre toute l’administration en péril […]. Une nouvelle majorité pourrait prendre des décisions totalement opposées à ce qui a déjà été fait. On pleure déjà sur le dossier des allocations familiales, qui n’a pas encore été mis en place » déplore, quant à lui, Patrice De Brandt, secrétaire permanent CSC Services publics pour la Région de Bruxelles-Capitale, à L’Avenir.
Un appel à la mobilisation
Le secteur de l’éducation, qui lui aussi serait touché par un potentiel changement de gouvernement, se dit prêt à réagir si les réformes en cours s’avèrent interrompues. Plusieurs syndicats ont dès lors décidé de faire front commun afin de pallier l’insécurité concernant la pérennité des dossiers engagés. Ils se tiennent « prêts à réagir avec force contre toute mise au frigo de ces dossiers qui aura immanquablement des répercussions sur les conditions de travail des personnels. »
La Rédaction