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Sans-abri à Bruxelles: un tiers des personnes accueillies dans des hôtels ont trouvé une solution durable
Que sont devenues les personnes sans-abri, accueillies dans les hôtels pendant le confinement? Au début du confinement, la question des sans-abri s’est rapidement posée: comment se confiner quand on n’a pas de logement, de toit sur la tête? La région avec certaines communes ont alors ouvert des hôtels pour les accueillir. 11 hôtels ont hébergé des personnes sans-abri pendant le confinement.
Six mois plus tard, que sont devenus ces hôtels? Et surtout les personnes qui y étaient hébergées? On s’est posé la question.
Un hôtel transformé en centre pour les familles
Parmi les hôtes ouverts le printemps dernier, six sont restés ouverts. Comme cet hôtel 4 étoiles, à un jet de pierre de la gare du Nord. Le Samusocial a pris les commandes du bâtiment en avril dernier, au début du confinement. 365 places en tout, « quasiment occupées tous les soirs », selon Raphaël Pintat, assistant social. Des dizaines de familles y sont hébergées et on le devine aisément quand on y entre étant donné l’embouteillage de poussettes, à côté des ascenseurs.
Au moins on a un toit au dessus de la tête
Bissera est enceinte de jumeaux, elle est arrivée au centre il y a deux semaines: » C’est à cause de l’insalubrité dans mon appartement. Il y a un jugement par défaut qui a été décidé. C’est à cause de ça que l’on s’est retrouvé ici. Au moins on a un toit au dessus de la tête, merci à eux ». D’autres familles résidaient déjà au centre d’Evere, avant le confinement, comme Chanelle: « Comme là-bas, les toilettes étaient publiques, les douches étaient publiques, on nous a transférées ici pour éviter les contaminations ».
L’hôtel permet de respecter plus facilement les règles sanitaires, de retrouver une certaine intimité. Un endroit de protection, pour des familles aux profils différents: « On héberge quelques familles que l’on oriente actuellement vers Fedasil, on a aussi beaucoup de femmes victimes de violences conjugales actuellement, plus qu’à l’habitude. Nous avons aussi des personnes qui viennent de perdre leur logement, parfois en raison d’incendies aussi ».
Des difficultés à orienter le public vers d’autres solutions
A l’hôtel, on peut donc se poser, entreprendre des démarches, même si ce n’est pas toujours facile: « Vu la qualité du centre, on a beaucoup de mal à les orienter auprès de certaines maisons d’accueil. Parce qu’en effet, quand ils se rendent compte qu’il faut payer pour une moins bonne qualité, il faut trouver des arguments ». Et parmi ces arguments, le fait que l’on ne puisse pas se domicilier dans ce centre. Impossible donc d’y avoir une adresse et de raccrocher la personne à ses droits.
Autre frein: la digitalisation d’une grande partie des services. » Des banques et des mutuelles sont encore fermées, du coup, nous aidons les familles dans leurs démarches. Mais cela a un impact sur notre charge de travail ». La durée de l’hébergement varie aussi d’une famille à l’autre et bien souvent, de son titre de séjour.
Une solution durable pour un maximum de personnes
Ces huit hôtels (deux vont rouvrir prochainement) accueillent aujourd’hui en tout plus de 450 personnes. Au plus fort du confinement, ils étaient 850 hébergés dans ces structures, selon Bruss’Help, l’organisme chargé de coordonner les dispositifs d’aide d’urgence et d’insertion aux personnes-abris en région bruxelloise.
« Pour un tiers de ces personnes, des solutions durables ont été trouvées en réinsertion par le logement et en ré-accrochage aux droits sociaux », explique François Bertrand de Bruss’Help. « Un autre tiers a trouvé des solutions de débrouille et dans le réseau de l’entraide et le tiers restant est toujours sans solution et toujours hébergé dans les hôtels ».
La crise sanitaire a en fait accéléré le changement de paradigme de la région bruxelloise dans sa réponse donnée au sans-abrisme à Bruxelles. On ne veut plus baser le nombre de places dans les structures sur base d' »une politique du thermomètre », avec les traditionnels plans hivers, mais il est question de construire un plan global, qui met l’accent sur le relogement plutôt que sur l’hébergement en urgence.
Pas un ‘Happy end’ pour autant
« Ici avec le Covid 19, on voit vraiment les premiers résultats de ce basculement – parce que c’est vraiment une volonté du gouvernement bruxellois de basculer vers la qualité pour ces accompagnements. C’est un premier indicateur. Ce n’est pas un ‘happy end’ pour autant, la captation de logements reste difficile en région bruxelloise », détaille François Bertrand. « Et par ailleurs, une partie des publics est sans-papiers ou sans réactivation des droits à court ou moyen terme. Ces personnes restent demandeuses d’un hébergement d’urgence au Samusocial ou à la Croix-Rouge. Il y a donc un bond qualitatif mais on n’est pas dans un happy end, toutes les personnes n’ont pas retrouvé des solutions ».
Les hôtels seront prolongés jusqu’en décembre. D’ici là, les acteurs de terrain jettent toutes leurs forces dans le projet de trouver un logement durable pour un maximum de personnes. Toutes les formules sont étudiées: logements privés, logements sociaux, encadrement de squats etc etc…
Source : RTBF.be