Nous avons suivi des travailleurs de l’Escale qui veillent également sur les SDF durant l’été.
La présence des sans-abris se rappelle vigoureusement à l’attention du plus grand nombre en hiver, avec la crainte de voir un malheureux mourir de froid dans la rue. On pense notamment aux services sociaux et autres associations qui écument les villes avec de grosses couvertures et des boissons chaudes. Mais l’été n’est pas forcément moins dangereux pour les SDF. Et durant cette période, les services sociaux sont également sur le pont.
À Mons, nous avons suivi Diego et Vincent lors d’une maraude. Ces deux travailleurs de rue de l’Escale font le tour de la ville, le sac à dos rempli de bouteilles d’eau et de casquettes. Ce jour-là, le thermomètre n’affiche plus des températures caniculaires comme celles que nous avons connues fin juin. Mais le soleil tape.
« Chaque jour, une fois le matin et une fois l’après-midi, on fait le tour de la ville. Nous allons directement aux endroits où il y a généralement des rassemblements« , explique Diego. « Nous distribuons de l’eau, des casquettes, de la crème solaire ou des lingettes humides. Nous indiquons également les points d’eau disponibles pour se rafraîchir. »
Première rencontre sur la Grand-Place et première bouteille d’eau distribuée. « C’est utile ce qu’ils font. Il ne faut pas croire que l’été est plus facile pour ceux qui traînent dehors. Avec le soleil et la chaleur, il y en a qui peuvent faire des malaises« , nous explique un habitué du centre-ville. « C’est un monsieur qui n’est plus SDF, mais qui garde ses habitudes la journée« , poursuit Diego. « En fait, il n’y a plus tant de sans-abris que ça à Mons. Nous avons un service qui aide les SDF à retrouver un logement et qui a bien travaillé. Mais il y en a qui continuent à traîner dans la rue avant de rentrer chez eux le soir. »
Le travail de nos deux agents ne se limite pas à prévenir des insolations. « Donner une bouteille d’eau ou une casquette, c’est aussi un premier geste pour établir le contact« , souligne Vincent. « Avec les maraudes, nous pouvons aussi rencontrer de nouvelles personnes qui refusent de venir à l’Escale. C’est très important d’aller à elles pour éviter qu’elles se replient et se coupent de tout. Éviter l’isolement, c’est le premier défi à relever. À partir de là, on peut actionner d’autres leviers pour aider les personnes à reprendre pied. À l’Escale par exemple, nous organisons toute sorte d’activités ludiques, culturelles ou sportives qui jouent un rôle de socialisation. Ceux qui y participent peuvent ainsi passer un bon moment, se rappeler qu’ils ont déjà connu des choses comme et que ça pourrait encore faire partie de leur vie. »