Au moins 38 femmes sont déjà mortes, depuis le début de cette année, en Belgique, sous les coups de leurs conjoints. C’était aujourd’hui la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Une journée marquée, chez nous, par une grande manifestation, dans les rues de la capitale.
Justine sow, Gaetan lillon
Le cortège a suivi une minute non pas de silence, mais de bruit. Un cri de colère en mémoire des femmes mortes sous les coups de leur conjoint, maris ou ex-compagnons. 38 meurtres de ce type ont été commis cette année en Belgique, selon les chiffres connus.
« C’est quelque chose de beaucoup plus répandu qu’on ne le croit »
Au cœur des dénonciations: les différentes formes de violences que subissent les femmes. Un quotidien devenu tristement banal. « Les violences, on peut autant les retrouver dans sa famille, qu’en institution ou dans la rue« , confie une manifestante. « C’est souvent des sifflements, souvent des remarques, des insultes si on ne répond pas« , ajoute une autre. « Je pense que toutes les femmes ont déjà subi une certaine forme de harcèlement, que ce soit au travail ou dans la rue. Personnellement je n’en ai pas été témoin, mais j’y crois volontiers. Je pense que c’est quelque chose de beaucoup plus répandu qu’on ne le croit dans la société« , explique un homme venu se joindre à l’événement.
Les chiffres le prouvent
Les chiffres sont d’ailleurs là pour le prouver: en Europe, une femme sur trois âgée de plus de 15 ans a été victime de violence physique ou sexuelle dans sa vie. La Belgique est aussi concernée. « Nous avons fait une enquête en 2014, qui révèle qu’une femme sur cinq est victime de violence grave dans le cadre domestique. 7% des femmes sont victimes de viol sur leur lieu de travail de la part de leur supérieur, et 13% en-dehors de la maison ou du travail« , indique Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty international Belgique.
Certains misent sur l’éducation des filles et des garçons. Fanny, 10 ans, vit d’ailleurs aujourd’hui sa toute première manifestation. « Il y avait des femmes qui se faisaient battre par leur mari ou qui se faisaient insulter… On peut leur faire mal sans aucune raison, et moi, j’aime pas trop ça« , confie la fillette.
Un nouveau mouvement?
Pour les associations, la manifestation est un succès. Les trois à cinq mille personnes présentes leur donne le sentiment qu’un nouveau mouvement est en marche en faveur des femmes du monde entier.