Depuis près de vingt ans, la Région bruxelloise cherche à accroître son offre locative pour les plus démunis. Pourtant, certains sont forcés d’attendre plusieurs années avant d’obtenir un logement adapté à leurs revenus.
Lancé en 2005 par le gouvernement bruxellois, le Plan régional du logement promettait 3.500 nouveaux logements sociaux à l’horizon 2009. Dix ans et un autre plan régional plus tard (l’Alliance habitat), un constat s’impose : la production annuelle de logements sociaux à Bruxelles plafonne autour des 110 unités et semble dérisoire au regard des 41.292 ménages encore en attente. En outre, ce chiffre ne représente même pas la totalité de la demande. De nombreuses personnes répondant aux conditions d’accès « ne prennent pas la peine de s’inscrire sur les tablettes des sociétés immobilières de service public, découragées par l’extrême lenteur avec laquelle la file se résorbe », analyse Nicolas Bernard, professeur à l’UCLouvain Saint-Louis-Bruxelles et expert en politique du logement.
Manque de volonté politique
« Les frontières de Bruxelles ne sont pas extensibles. Pour construire plus de logements, soit on densifie encore certains quartiers, soit on entame les espaces verts, et ce processus nécessite forcément des discussions qui peuvent prendre du temps », explique le député Fouad Ahidar (SP.A), président de la commission Logement du parlement bruxellois. Un argument solidement réfuté par les acteurs associatifs œuvrant pour l’accès au logement. « Des réserves foncières, il y en a, affirme Ambroise Thomson, chargé de communication au Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat (RBDH). Le vrai problème, c’est que les décideurs régionaux ne priorisent pas le logement social dans le développement territorial de Bruxelles. » Le plan régional de développement durable (PRDD), bible régionale établissant les lignes directrices du développement urbain à Bruxelles, n’établit aucun objectif chiffré d’augmentation du parc social, et agrège dans ses propositions le logement social et le logement moyen, ce dernier étant pourtant destiné à une population bien différente.
Mais disposer de logements sociaux ne suffit pas, encore faut-il qu’ils soient disponibles. Début 2017, parmi les 39.742 logements sociaux existants à Bruxelles (7 % du parc de logements), 3.469 étaient vides, en attente de rénovation ou en vacance locative.