Nous l’évoquions, la transition écologique occupe désormais une part conséquente de la déclaration, actualité « climat » oblige, et de nombreux projets visent à faire de Liège une ville « durable ». Mais une autre thématique a occupé une partie des débats. Lors de la présentation du document, Willy Demeyer, bourgmestre de Liège, a affirmé son intention « de faire de Liège une ville zéro SDF ». Fallait-il oser ?
L’intention est noble doit-on comprendre, l’idée de base étant de supprimer toute détresse, cette précarité morbide à Liège – rappelons-le, en 2018, 26 personnes sont décédées dans la rue à Liège ! – mais la mise en œuvre s’annonce ardue. Willy Demeyer le promet toutefois, il souhaite mettre toutes les chances de son côté. « La demande d’une Ville toujours plus solidaire sera au coeur de notre action politique », assure-t-il, évoquant ces divers « leviers » à activer pour y parvenir : la régulation des loyers, l’octroi de 2 mois de garantie locative par le CPAS qui, c’est une promesse également, « sera le bras armé de la politique sociale. Nous lui garantirons donc les moyens budgétaires nécessaires pour venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin ». Et d’évoquer dans la foulée l’amplification du programme « Housing first », à traduire par « Logement d’abord ». Cette politique déjà mise en place dans plusieurs grandes villes, dont Liège, vise à lutter contre le sans-abrisme en octroyant, avant toute autre action, un logement à chaque SDF.
Dans les rangs de l’opposition, l’annonce n’est pas passée inaperçue. Et un certain scepticisme plane. À l’instar de la prostitution en effet, on pourrait trouver illusoire de trouver LA solution miracle.
Pour Guy Krettels (Vert Ardent), très au fait de cette problématique, « il faut faire attention. Ce slogan zéro sans-abri, est mobilisateur mais encore faut-il savoir ce qu’il y a derrière ? ».
Constructif, le conseiller évoque trois modèles. « Le parisien qui vise à aménager la rue ». Et deux autres ayant fait leurs preuves. « À Londres, c’est l’inverse, la rue a été rendue repoussante pour les sans-abri ». Avec des effets notoires, le nombre de SDF ayant fortement diminué. En Finlande enfin, c’est à l’échelle du pays que la politique « logement d’abord », fut appliquée, sans condition. Impayable ? Comme l’indique encore Guy Krettels, en Finlande, où le nombre de SDF a littéralement chuté, c’est même une économie (prise en charge, intervention policière,…) de 15.000 € par relogé qui fut constatée !