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Les Infirmiers de rue ouvrent une antenne à Liège
Pour lutter contre la morbidité et la mortalité des sans-abri, l’association née à Bruxelles il y a 13 ans lance une première initiative en Wallonie. Elle sera opérationnelle dès le 13 mai.
Elles ont 24 ans et ont pour ambition de venir en aide aux plus démunis vivant dans les rues de Liège. Elles, ce sont Camille Delvoye et Fanny Caprasse. Deux jeunes femmes, infirmières de formation, qui iront dès ce 13 mai au contact des sans-abri de la Cité ardente pour leur apporter des soins, mais aussi un accompagnement intensif basé sur une approche par l’hygiène et la valorisation. Une première en Wallonie. « Elles ont toutes les deux travaillé auprès de personnes ayant besoin d’un encadrement et de soins. Cette expérience leur a permis de poser un constat : il existe un réel manque de professionnels de la santé sur le terrain, entame la gestionnaire du projet, Gaïd Prigent. De là, elles sont allées à la rencontre des infirmiers de rue à Bruxelles pour voir ce qui était envisageable et transposable à Liège. »
L’ASBL Infirmiers de rue existe à Bruxelles depuis 2006 et le travail abattu en 13 ans dans les rues de la capitale est colossal. L’association a permis à 120 personnes sans domicile fixe de réintégrer un logement de manière efficace. « N’importe qui peut se retrouver sans-abri à un moment donné de sa vie. Ce n’est pas un état permanent. C’est une photo prise à un moment précis, rien de plus », souligne la coordinatrice de projet qui voit en la volonté d’ouvrir une antenne à Liège une démarche particulièrement sociale et humaine, malgré le nombre de sans-abri qui ne cesse d’augmenter.
Selon différentes enquêtes menées, le nombre de personne sans domicile fixe s’élèverait à environ 17.000 en Belgique dont 75 % déclareraient avoir des problèmes de santé. Le syndicat national de personnes sans-abri, le Front commun des SDF, estime qu’il y aurait à l’heure actuelle environ 500 sans-abri à Liège. Vingt-six d’entre eux sont décédés au cours de l’année écoulée. Et pour ceux qui arpentent le terrain pour aider ces précarisés, l’une des premières cause de mortalité n’est autre que le manque d’hygiène et le mauvais suivi médical.
L’approche par la valorisation
Une réalité liégeoise difficile qui a poussé les deux jeunes femmes à agir. Si des formations sont données au sein de l’association, l’apprentissage de terrain demeure le plus efficace. Camille et Fanny auront été formées durant quatre mois auprès de leurs homologues bruxellois avant de faire leurs preuves à Liège. « Concrètement, on apprend comment valoriser les talents de la personne pour entrer en contact avec elle. Lui faire comprendre toute l’importance de l’hygiène. Lui trouver un médecin traitant pour faire le point sur son état de santé. L’accompagner à ses rendez-vous médicaux et s’assurer que le suivi est bien fait, ajoute Gaïd Prigent. Tout cela n’a qu’un but : permettre d’améliorer les conditions de vie et la réinsertion durable en logement. »
La création d’un groupe de travail a permis de faire une cartographie du réseau liégeois. « Etre infirmière de rue, c’est bien plus qu’apporter des soins aux sans-abri, c’est aussi leur offrir un soutien, leur permettre d’avancer et réaliser leurs rêves. De concrétiser certains de leurs projets. Etre infirmière de rue, c’est aussi permettre à ces personnes de retrouver leur estime d’elles-mêmes et une revalorisation de leurs capacités », ajoute, convaincue, Gaïd Prigent.
Au total, 15.000 euros sont nécessaires à la mise en place de ce projet pour financer le matériel de terrain, constituer la pharmacie et payer un local. Une récolte de dons a été lancée en ligne, à ce jour 5.300 euros ont déjà été récoltés. « Qu’on ait ou non pas la somme nécessaire, le projet débutera le 13 mai. Nous sommes également à la recherche de partenaires, de subsides, de collaborations avec le réseau social liégeois… pour permettre le développement de ce projet social et véritablement humain », conclut Gaïd Prigent. Les causes du sans-abrisme sont nombreuses et sont généralement la combinaison de plusieurs facteurs, qu’ils soient personnels, institutionnels ou structurels. Une main tendue peut parfois faire la différence et inverser une situation qui peut paraître parfois désespérée.