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L’abri de jour Braséro tire la sonnette d’alarme après le décès par hypothermie d’une sans-abri à Tournai : « Cette crise fera payer la plus grosse note aux plus fragiles »
Braséro s’inquiète de l’impact de la crise sanitaire sur ceux qui étaient déjà précarisés avant l’arrivée de la pandémie.
Le 19 novembre dernier, une personne sans domicile fixe a été retrouvée mort d’hypothermie le long de l’Escaut à Tournai. L’abri de jour « Braséro », qui aidait cette personne à s’en sortir, a exprimé sa tristesse sur sa page facebook. « Une de nos jeunes bénéficiaires qui se démenait pour stabiliser sa situation est décédée seule en rue d’hypothermie. Notre communauté ( bénéficiaires et professionnels) est fortement attristée de perdre une personne qui était du côté de la vie. Elle nous aura appris la puissance du lien que nous pouvons tisser dans le travail d’accompagnement. Nous avons hésité à mettre ce post car nous ne souhaitons pas récupérer cet événement pour parler de nous ni nous étaler sur la vie de cette personne. Mais nous ne pouvons pas passer sous silence qu’en 2020 en Belgique, à Tournai, la précarité est présente et que oui, cela peut entraîner une mort par hypothermie alors que nous n’avons pas atteint des températures hivernales. Cette personne comme les autres personnes décédées en rue méritent qu’on leur rende hommage car pour nous, elles comptent et nous ne pouvons pas les passer sous silence. »
Ce message a provoqué de nombreuses réactions. « La publication a ému nombre de personnes et cet élan a pris une ampleur que nous n’aurions pas imaginée. Ce décès nous a d’autant plus touché que nous étions dans un processus d’accompagnement important avec cette personne… Mais il y a toutes les autres qui n’ont pas eu la chance de faire les bonnes rencontres au bon moment qui n’ont pas eu la chance de trouver les points d’appui qui leur permettent de rebondir et d’être accompagnées à leur rythme. Un rythme bienveillant qui tient compte de leur temporalité, de leur fragilité. Il ne faut pas oublier qu’une mort par hypothermie est une tragédie mais d’autres décèdent d’une mauvaise santé due à une vie harassante en rue. C’est bien la rue et la précarité qui tuent car c’est une survie de chaque instant. Pour nous, travailleurs de première ligne, c’est d’une évidence insoutenable », indique le lieu d’accueil.
Braséro s’inquiète de l’impact de la crise sanitaire sur ceux qui étaient déjà précarisés avant l’arrivée de la pandémie. « La crise sanitaire a grandement impacté notre public. Les situations sociales sont souvent catastrophiques. Un grand nombre d’institutions de première ligne qui assurent une inscription dans le social restent en télétravail et sont difficilement accessibles pour ce public désorienté et n’ayant pas de téléphone ni internet. Le rythme pour répondre aux demandes est ralenti et nous demande plus d’énergie et de temps. Le stress de la pandémie, les amendes répétées et le manque de place dans les institutions précarisent encore plus ces personnes. Nous constatons également que les gens sont plus fatigués. Ils sont plus en insécurité, ont moins de facilité pour trouver un endroit pour s’abriter, moins de possibilité de faire la manche,… Ils commencent l’hiver dans des conditions plus dangereuses. Cette crise sanitaire n’a pas freiné le nombre de prises en charge : comme chaque année, nous avons accueilli de nouvelles personnes pour qui un passage en rue était parfois une première. Nous craignons très fort l’augmentation de personnes et de familles qui vont se retrouver dans des situations catastrophiques d’ici quelques mois. Cette crise en a ébranlé plus d’un et fera payer la plus grosse note aux plus fragiles… »
Source : Notélé
Rédaction en ligne