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Jambes : les opposants au centre d’accueil des sans abris capitulent
Ils ont été déboutés en justice. Et ils viennent de décider d’abandonner tout nouveau recours contre l’Espace Dignité, à Jambes !
Opposés depuis 2018 au centre d’accueil de jour pour sans abris et personnes précarisées, les riverains de l’asbl Educ’actions et Dignité, située rue Mazy, jettent l’éponge. Un renoncement doublé d’une attitude plus conciliante de la part de certains habitants qui, jusqu’à il y a peu, redoutaient les éventuelles nuisances du lieu d’accueil.
De l’opposition farouche
« Je souhaitais vivement la fermeture de ce centre qui, selon moi, n’avait pas sa place dans ce quartier », explique Vincent, un des riverains initialement les plus farouchement opposés au projet. « Je voyais les personnes sans abri comme des éléments perturbateurs, des gens qui boivent et qui jettent leurs canettes en rue,… j’ai soutenu le recours en justice contre ce projet ».
Au bénévolat social
C’est en dialoguant avec les membres de l’asbl et avec les sans abris que Vincent a progressivement porté un autre regard sur l’association et les plus précarisés. « Je me suis rendu compte que les a priori que j’avais étaient infondés », poursuit le voisin. « J’ai remarqué que ces personnes étaient surtout des victimes et souffraient d’un parcours de vie compliqué. Beaucoup de jeunes sont dans la rue. Je me suis donc dit qu’il fallait faire quelque chose. J’ai proposé mon aide aux travailleurs de l’association. Et je suis devenu bénévole pour venir en aide aux sans abris. Je les écoute. Et moi, j’ai beaucoup en retour, car ils me permettent de ne pas rester seul en journée. Nous discutons beaucoup. C’est du win-win. Et aujourd’hui, j’ai beaucoup d’admiration pour les gens qui œuvrent pour cette cause, dont le président de l’asbl Robert Bourgeois ».
Vivre ensemble
« L’abandon des recours » est un soulagement pour nous, explique Robert Bourgeois, Président de l’asbl qui accueille les sans abris et les personnes précarisées. « Mais cela ne signifie pas que nous allons cesser nos efforts pour faire en sorte que tout se passe bien en interne, comme à l’extérieur de nos locaux. Certains riverains ont encore des réticences et se méfient. Mais les choses évoluent. En cassant les préjugés et en dialoguant, les mentalités évoluent ».
Pour Kelly, une jeune sans abri, le regard plus conciliant des riverains fait chaud au cœur. « Mais j’espère que bientôt les autres personnes pourront aussi nous voir comme des êtres humains. Car n’importe qui peut un jour se retrouver dans une situation délicate ». Un avis partagé par Mohamed, également soulagé de voir que les choses évoluent dans le bon sens, même s’il reste encore beaucoup à faire, notamment en matière d’accès au logement.
Jean-Claude Hennuy