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Bruxelles: au moins 5.000 personnes manifestent contre les violences faites aux femmes

Plus de 5.000 personnes, selon la police, étaient rassemblées dès 14 heures ce dimanche devant le palais de justice de Bruxelles en faveur de l’élimination des violences perpétrées contre les femmes.

Plusieurs dizaines d’associations fédérées au sein de la plateforme Mirabal Belgium sont à l’initiative de cette mobilisation.

« L’amour des hommes tue des femmes »

Sur la pancarte d’une manifestante, ce slogan : « L’amour des hommes tue tous les ans des femmes ». Sur une autre, on peut lire des noms : Berenice, 32 ans ; Ulfet, 43 ans ; Rabiya, 36 ans ; Nicole, 53 ans, Claudine, 61 ans, etc.

Etc ? Oui. Car, malheureusement, la liste ne s’arrête pas là : selon la plateforme « Stop Féminicides », 33 femmes ont déjà perdu la vie en 2018, rien qu’en Belgique, sous les coups d’un homme qui voulait les dominer, les contrôler ou littéralement les détruire.

Dans la majorité des cas (25 cas), les meurtriers présumés sont le compagnon ou l’ex-compagnon de la victime qui, pour 2 d’entre eux, ont aussi assassiné la mère de la victime présente sur les lieux.

Pour les huit autre cas : une femme a été tuée par son neveu, une autre par un voisin et quatre autres, dont deux prostituées, par un homme qui leur était inconnu.

D’après les témoignages rapportés par la presse au moment de chacun de ces meurtres, si certains assassins (3) paraissaient sympathiques aux yeux de leur entourage, 12, soit un tiers d’entre eux, avaient un comportement violent déjà dénoncé par leur victime. Certains (3) avaient même déjà été condamnés auparavant pour des faits de violences conjugales.

« La société banalise les rapports de pouvoir des hommes sur les femmes »

En 2017, 39 féminicides avaient été recensés en Belgique, soit, proportionnellement à la population de nos pays respectifs, 1,5 fois plus qu’en Espagne ou deux fois plus qu’en France. Les associations veulent interpeller les autorités car, pour elle, les institutions et les pouvoirs publics portent une part de responsabilité.

Au-delà de la responsabilité individuelle, pour les associations, ces actes sont commis dans « le contexte d’une société qui banalise et conforte les rapports de pouvoir des hommes sur les femmes, une société qui permet donc la survenance de violences machistes qui, dans leur forme extrême, se traduisent par ces assassinats. »

Selon « Stop Féminicide », « c’est ainsi que toutes les femmes continuent à être exposées à l’une ou l’autre forme de violences machistes : conjugales, sexuelles, harcèlements dans l’espace public, économiques, institutionnelles, etc. »

Dans l’Union européenne, 1 femme sur 20 victime de viol

D’après la dernière étude de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) relayée par Amnesty International, une femme sur vingt dans l’Union européenne a déclaré avoir été victime de viol après l’âge de 15 ans, soit environ neuf millions de femmes. « Malgré ces chiffres choquants, peu de pays européens traitent ce crime avec le sérieux juridique qu’il requiert », constate Amnesty.

« Les femmes voient leurs tentatives d’obtenir justice entravées non seulement par des lois dépassées, mais également par les préjugés, la culpabilisation des victimes et les stéréotypes et mythes négatifs, souvent véhiculés par les personnes chargées de fournir un soutien aux victimes, d’enquêter sur les infractions à caractère sexuel et d’en poursuivre les auteurs », explique Amnesty.

La Belgique respecte à peine 20% de ses obligations en matière de lutte contre les violences machistes

La Belgique a ratifié en 2016 la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul.

Depuis lors, notre pays communique régulièrement sur les mesures adoptées. Mais les constats de terrain d’une cinquantaine d’associations accompagnant les victimes ou les auteurs contrastent avec les communications officielles sur l’état de la lutte contre les violences en Belgique.

Le rapport alternatif des associations souligne ainsi que la Belgique respecte mal ou pas du tout 80% des articles de cette Convention : « Peu de mesures structurelles et pas toujours pertinentes en regard des besoins sur le terrain et une absence de budget spécifique, suffisant et transparent. Cela a des conséquences importantes sur les pratiques et modes d’interventions qui s’avèrent aléatoires, parfois contradictoires, inutiles voire dangereux pour les victimes dans la prévention, la formation des professionnel-le-s, l’hébergement, la protection, le soutien et l’accompagnement des victimes et des enfants exposés, l’accès aux droits particulièrement pour les femmes les plus vulnérable ou encore les poursuites judiciaires. »

C. Cauchie

Publié à 15h16 Mis à jour à 17h04

https://www.rtbf.be/info/societe/detail_bruxelles-au-moins-1-500-personnes-manifestent-contre-les-violences-faites-aux-femmes?id=10081652&utm_source=rtbfinfo&utm_campaign=social_share&utm_medium=fb_share&fbclid=IwAR1fN_2U5sC6OGh8sYKqA1LC9Kwdr0iRp2UZ_ultVApkzjmN7TbKRJqA_pw

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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