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Après la pharmacie solidaire, le cabinet médical mobile
Le docteur Bouillon de Ghlin continue son combat pour l’accès aux soins de santé des plus désœuvrés. Sur fonds propres, il a financé un mobile-home dans lequel il a installé un cabinet médical. « Pour aller soigner ceux qui ne le
C’est un dicton qui le dit : « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Lagardère, c’est le nom donné par le docteur Bouillon à sa dernière invention : le cabinet médical mobile pour « aller vers ceux qui ne vont pas ou plus vers les soins médicaux ». Médecin généraliste depuis 27 ans à Ghlin où il tient un centre médical, David Bouillon est chaque jour confronté à la précarité. « Je vois tous les jours les oubliés des soins de santé, dit-il. Ceux pour qui les dépenses en médicaments sont tout simplement impossibles, ceux comme les SDF qui ne sont pas suivis par des médecins traitants ou ceux comme les personnes âgées qui ne peuvent plus se déplacer pour aller à une consultation ou chercher des médicaments à la pharmacie. »
Précarisation sanitaire
Depuis quelque temps déjà, le docteur Bouillon a fait de cette « précarisation » sanitaire, un combat au cours duquel il n’hésite pas à bousculer les pratiques, quitte à susciter les polémiques. Ainsi, il y a quelques mois, il a ouvert une pharmacie solidaire où il délivre gratuitement aux uns des médicaments non utilisés par d’autres. Une pratique jugée illégale par l’association pharmaceutique belge mais dont le médecin se moque bien. « Je n’ai à ce jour reçu aucune injonction de qui que ce soit pour arrêter cette pratique qui est très encadrée. Mon beau-frère pharmacien s’occupe de contrôler chaque médicament que nous recevons. Ceux-ci ne sont évidemment pas périmés et sont délivrés dans des conditions strictes. Il s’agit de gérer l’urgence avant tout et chaque patient est identifié. »
À côté de la pharmacie, le docteur Bouillon et son épouse infirmière se sont lancés dans un autre projet hors du commun : un cabinet médical mobile. « Tous comme pour les médicaments, un certain nombre de personnes en situation précaire ne peuvent pas se rendre chez le médecin, explique-t-il. Il y a évidemment les SDF mais aussi les personnes âgées qui ne peuvent pas se déplacer. Or, avec la pénurie, de moins en moins de médecins peuvent se rendre à domicile. Nous sommes là pour combler ce vide. »
La médecine en vadrouille
Le mobile-home « Lagardère » a été complètement réaménagé en cabinet médical avec la table et le matériel de consultation mais aussi les ustensiles infirmiers pour placer des perfusions et faire des prises de sang. « Nous avons également une pharmacie pour les soins d’urgence, ajoute le docteur Bouillon. Nous avons fait notre première intervention la semaine dernière sur la Grand-Place de Mons. L’Escale nous a appelés car un SDF était en mauvais état de santé. Sur place, nous l’avons consulté dans le camion, lui avons fait sa prise de sang et il a pu avoir les antibiotiques nécessaires à sa guérison. Aujourd’hui, il va mieux et n’a pas dû être hospitalisé. »
Le cabinet mobile ne se déplacera qu’à la demande – un numéro unique 0800/12 505 a été mis en place – des patients qui sont dans l’impossibilité de consulter leur médecin traitant. « Mon objectif est de travailler en collaboration avec mes collègues médecins, les hôpitaux, les éducateurs de rue, les services d’aide aux précarisés pour n’intervenir que quand il n’y a pas d’autres solutions et peut-être sauver des vies notamment par la prévention des maladies au travers du dépistage. »
Le docteur Bouillon a reçu le soutien du député CDH Pascal Baurain qui souhaite travailler sur la problématique de l’accès aux soins de santé et peut-être étendre les actions mises en œuvre à Mons à d’autres régions de Wallonie où les besoins sont réels. « La ministre de la santé, Alda Greoli, s’est déjà montrée réceptive à la démarche », a-t-il assuré.