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Mons: « Housing First », un nouveau projet pour réinsérer les sans-abris
Difficile de retrouver une place dans la société, de prendre soin de soi, quand on est SDF depuis plusieurs années. Mons va tester une nouvelle méthode pour accompagner ce public. Le projet s’intitule Housing First. En français cela pourrait se traduire par « un logement d’abord ». L’idée est de donner la priorité au logement. Puis seulement de tenter de résoudre d’autres problèmes, comme les assuétudes par exemple.
Pour participer au projet Housing First, il faut être à la rue depuis longtemps. « Pour les personnes sans abri, c’est minimum deux ans en rue », précise Pearl Beghin, assistant social en charge du projet. Pour la première fois en Belgique, des familles peuvent aussi se porter candidates. « Des familles avec ou sans enfants, qui connaissent une instabilité de logement de manière chronique, depuis au moins deux ans ». Housing First s’adresse à un public très particulier, qui, pour faire simple « a épuisé toutes les possibilités du relais social« . « Ce sont des personnes qui ont tout essayé. Mais pour lesquelles cela n’a pas fonctionné« , résume Marc Barvais, président du CPAS de Mons.
Quelle est la philosophie derrière Housing First? « On change la logique d’accompagnement« , indique Muriel Luc, éducatrice spécialisée. « Le logement est la première étape, et on y accède ‘comme on est’. De façon inconditionnelle« . En pratique, cela signifie que la personne ne doit rien promettre, signer aucun « contrat », si ce n’est un contrat de bail. « Contrairement aux maisons d’accueil, ici il ne faut pas, par exemple, s’engager à arrêter de boire, arrêter de se droguer, se mettre en ordre sur toute une série de choses« , poursuit Lysiane Colinet, responsable du relais social Mons Borinage. « Avec ce public, on va aller très progressivement. On sait que ce sont des personnes qui tiennent à avoir une liberté… presque totale. Donc on y va crescendo. Le logement est le point de départ. Ensuite on va les accompagner, à leur rythme ».
Jean-Maurice Lhose est infirmier, spécialisé en psychiatrie. Il travaille beaucoup sur le terrain. « Lorsque je participe à des maraudes, avec le personnel de l’Escale notamment, je rencontre ce public. Je vois la détresse dans laquelle sont ces personnes qui vivent dans la rue depuis des années. Elles ont besoin d’un toit, d’une sécurité. Et cela facilite ensuite beaucoup notre travail. Lorsque l’on peut soigner quelqu’un dans son logement plutôt que dans la rue, c’est tout différent« . « Lorsque vous êtes dans la rue, vos priorités ne sont pas les mêmes« , poursuit Lysiane Colinet. « Vous devez d’abord veiller à votre sécurité. Vous vivez avec d’autres personnes, vous dormez avec d’autres. Au niveau des consommations, des addictions, cela a aussi des conséquences« .
« L’objectif du programme Housing First est d’aller vers un rétablissement de la personne, pas la guérison« , complète Muriel Luc. Par rétablissement on entend une meilleure santé, mais aussi le rétablissement des droits, et des devoirs. L’évolution vers un mieux être, une vie autrement« . La seule contrainte de départ est de s’engager à payer son loyer.
Le programme Housing First affiche déjà une grande longévité. Il a été lancé pour la première fois à New York, en 1992. En Belgique, des initiatives de ce type existent depuis 2013, notamment dans des villes comme Bruxelles, Anvers, Charleroi ou Liège.
Selon une étude menée en Europe, 93% des personnes accompagnées par Housing First avaient toujours un logement deux ans après leur prise en charge.
Source : https://www.rtbf.be/info/regions/detail_mons-housing-first-un-nouveau-projet-pour-reinserer-les-sans-abris?id=9942328