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Le mal-logement à l’heure de Batibouw

Nous sommes riches en Europe : riches d’histoire, de culture, de ressources diverses y compris d’intelligences et de savoir-faire Nous sommes riches de structures politiques généralement démocratiques. Mais nous avons de plus en plus de pauvres. Et même des sans-logis pour des raisons diverses. Alors que nous bénéficions de merveilleux textes proclamant que le logement est un droit essentiel, un droit de l’Homme. En Belgique, c’est même inscrit dans notre constitution : article 23 définissant le droit à un logement décent.

Or, la crise du logement frappe toute l’Europe. En effet, selon la deuxième édition du rapport sur l’état du logement en Europe, publiée par Housing Europe, l’année 2016 a marqué la plus forte hausse des prix du logement à la vente depuis la crise financière de 2008. Les prix ont progressé de 4,4 % en 2016 (contre 4 % en 2015 et 2,5 % en 2013).

Pas moins de dix pays ont dépassé cette année le seuil d’alerte de 6 % de hausse annuelle des prix du logement – hors inflation – défini par l’Union européenne. Il s’agit notamment du Portugal (+6,1 %), de l’Irlande (+6,6 %), de la République Tchèque (+6,7 %), de la Suède (7,6 %). La Belgique s’en sort relativement bien avec seulement 1%. Mais cela ne signifie pas que la situation est bonne car les prix de l’immobilier augmentent plus vite que les revenus des gens. Et les loyers ne sont pas maîtrisés par les pouvoirs publics, ce qui signifie que les propriétaires les fixent au plus haut.

Les ménages doivent donc consacrer au logement une part de plus en plus importante de leur budget. En 2000, cela représentait 21,7 %. Près d’un quart du revenu des ménages européens en 2015. Partout, il s’agit du premier poste de dépenses. Plus de 40 % des revenus des ménages, c’est un effort gigantesque surtout dans les grandes villes où se concentrent les opportunités d’emploi.

Que devraient faire les Etats ? D’habitude, ils portent leurs efforts sur la construction de logement et sur les aides au logement. Or, selon Housing Europe, « en 2009, 47 % de la dépense publique des Etats européens en faveur du logement était consacrée à la construction de nouveaux immeubles et 53 % à l’octroi d’allocations logement, ces proportions sont aujourd’hui respectivement de 25 et 75 % ». Et pourtant, « La construction massive de logements dans les zones les plus tendues impacterait négativement les prix des loyers, et donc à terme réduirait les montants d’aides personnelles allouées » explique l’économiste français Pierre Madec.

De plus, les Etats n’investissent plus autant dans le logement social depuis la crise. Un nombre croissant de citoyens attendent désespérément un logement social : en France, 1,9 million de personnes, en Irlande, ce chiffre a quasiment doublé entre 2008 et 2010, pour atteindre aujourd’hui 96 000 personnes.

Et en Wallonie-Bruxelles ? En Wallonie, on compte 101.000 logements disponibles et 82.000 personnes sont en attente d’un logement public. À Bruxelles, il y a 40.000 logements sociaux et il en faudrait deux fois plus car actuellement, 44.000 personnes sont sur liste d’attente.

De plus, nombre de ces logements sont anciens et doivent être rénovés de manière durable ce qui permettrait aux ménages les plus démunis de vivre décemment en payant moins de charges de chauffage notamment. Pour cela, il faut des budgets et les Etats et régions sont de plus en plus démunis. A cause notamment des règles budgétaires imposées par l’Europe qui pousse pourtant à la construction accrue de logements.

Cependant, des innovations se mettent en place afin de pallier quelque peu la carence de logements accessibles aux plus démunis dans nos sociétés : le « community land trust » ou séparer l’achat du terrain de celui du logement ce qui en diminue le prix ; les agences immobilières sociales qui accompagnent les propriétaires dans la gestion du bien mis en location pour les plus pauvres et payent les loyers ; le modèle « housing first » de réinsertion en logement et par le logement tout en accompagnant ces personnes en grande difficulté de vie dans un parcours administratif de réinsertion sociale. Il y a enfin des initiatives diverses des groupements de citoyens qui combattent le mal-logement en favorisant par exemple la rénovation de biens privés à la condition qu’ils soient destinés pendant une trentaine d’années au logement des personnes démunies. C’est l’exemple de Renovassistance qui célèbre cette année ses 30 ans et plus de 100 logements à Bruxelles. L’association Habitat et Participation représente un bel exemple de promotion d’habitat collectif et de lutte pour le droit au logement.

Les citoyens bougent, pas seulement au salon Batibouw, et le font savoir. Présence et Action Culturelles vient d’éditer un de ses Cahiers de l’Education permanente sur « Le droit à l’habitat : une priorité sans appel ». On y découvre diverses facettes de ce combat citoyen. Un mouvement « Droit à un toit » (bilingue) vient de se constituer à Bruxelles car le chiffre des sans-abris et des mal-logés a quasiment doublé à Bruxelles depuis 2008. Une autre politique est nécessaire. Pour cela, une autre concertation avec les acteurs publics est indispensable.

Espérons que nos pouvoirs locaux et régionaux dépasseront les querelles nées des dénonciations de scandales à répétition pour mettre tous les moyens encore disponibles en œuvre, et ce avec l’appui des associations, pour que le droit au logement soit enfin une réalité. Il y a urgence : il est question de vie et de mort de personnes qui ont tout perdu sauf leur droit à être logées décemment, condition essentielle pour vivre dignement dans notre société.

 

Zooms curieux par Gabrielle Lefèvre, le 24 février 2018

http://entreleslignes.be/humeurs/zooms-curieux/le-mal-logement-%C3%A0-l-heure-de-batibouw

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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