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Cris du coeur de femmes en colères : « un toit, mon droit! »

Trouver un logement de qualité est devenu compliqué, voire impossible, pour de nombreuses personnes. Et encore plus pour les femmes.

715 euros : c’est ce que paye chaque mois Yamina pour le vieil appartement insalubre dans lequel elle vit avec son fils, à Bruxelles. Un loyer exorbitant, mais elle n’a pas vraiment eu le choix. « Avant, quand je travaillais, j’avais un chouette appartement à Forest, moderne, grand », explique-t-elle. « Mais du jour au lendemain, je me suis retrouvée sans le moindre revenu, dépendante du CPAS. J’ai dû chercher un nouveau logement dans l’urgence. Tout ce que j’ai trouvé, c’est celui-ci : il est cher, mal agencé, de mauvaise qualité ». Le regard porté par Yamina sur le marché locatif privé est assez noir : « Très peu de propriétaires acceptent de louer leur bien à des personnes bénéficiaires d’une allocation sociale, ou à des familles monoparentales de manière générale ».

« Certaines débutent à peine dans la vie, là où d’autres ont déjà eu le temps d’accumuler de nombreuses expériences. Leurs vies sont en tous points différentes et pourtant c’est une même combativité, une même force qui les anime. »

Yamina a décidé de témoigner dans le cadre de l’étude « Un toit, mon droit », pour faire bouger les choses. Elles sont douze au total à en avoir fait de même. Douze femmes de tous horizons, de tout âge, aux parcours et aux profils radicalement différents. Elles habitent Liège ou Tournai, Gerpinnes ou Bruxelles. Certaines sont propriétaires, d’autres locataires. Elles sont mères célibataires ou vivent seules, travaillent ou peinent à trouver un emploi. Certaines débutent à peine dans la vie, là où d’autres ont déjà eu le temps d’accumuler de nombreuses expériences. Leurs vies sont en tous points différentes et pourtant c’est une même combativité, une même force qui les anime. Avec elles, les FPS ont réfléchi l’habitat dans sa globalité et formulé une série de revendications et de pistes d’actions, adressées à tous les niveaux de pouvoir.

Casse-tête pour un toit

Rappelons qu’en Belgique, le droit à un logement décent est inscrit dans la Constitution depuis plus de vingt ans. Pourtant, la situation continue de se détériorer. Les crises économiques et sociales qui se succèdent, ainsi que les mesures d’austérité qui en découlent, fragilisent toujours davantage la population. Trouver un logement de qualité est devenu compliqué, voire impossible, pour de nombreuses personnes. Dans certaines régions, les prix des biens en vente ont triplé depuis les années 90, sans que les salaires suivent la même courbe. Les prix des loyers ne cessent eux aussi de grimper, sous le poids de la pression immobilière. Enfin, le secteur du logement public est complètement saturé : à Bruxelles, par exemple, l’attente moyenne pour un appartement de deux chambres est de huit ans. Le logement, bien loin de constituer un bouclier contre la pauvreté, est devenu un facteur d’exclusion supplémentaire pour les publics fragilisés.

Mal-logement, mot féminin pluriel

On pourrait penser que les difficultés d’accès au logement touchent indistinctement femmes et hommes. Mais le mal-logement se décline majoritairement au féminin. Pourquoi ? Simplement parce que les femmes sont davantage exposées à la précarité. Cela s’explique notamment par les discriminations subies par les femmes sur le marché du travail : inégalités salariales, carrières interrompues, travail à temps partiel, secteurs moins bien rémunérés, plafond de verre, etc. Les situations familiales sont elles aussi inégales : en 2010, on comptait 9,3 % de ménages monoparentaux en Belgique, avec une femme à la tête de près de 83 % d’entre eux. Or, en Wallonie, une famille monoparentale sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Aussi, les femmes subissent des discriminations liées à leur sexe, tant de la part des bailleurs que des banques, qui leur accordent moins facilement un prêt.

 

Stéphanie (Jambes)

« Quand on s’est séparés, ça a été très compliqué car j’avais un très petit chômage de cohabitante. Personne ne voulait me louer un bien. J’ai dû mentir. Je suis dans cet appartement-ci parce que c’est le seul propriétaire qui a cru à mon histoire. Mon papa avait versé de l’argent sur mon compte pour faire croire que j’avais des économies, j’avais pris la belle voiture de mon ex-mari. J’avais fait un montage, préparé un tableau pour lui montrer que mes revenus égalaient trois fois le montant du loyer. Ce qui est complètement impossible pour une femme seule, aujourd’hui. J’ai vu beaucoup d’appartements qui me convenaient mieux, moins chers. Mais dont les propriétaires demandaient deux fiches de paie. Pour un loyer de 650 €, ils veulent deux personnes qui travaillent, deux temps pleins. C’est juste… pour moi, c’est une énorme violence».

Carole (Tournai)

« J’habite à côté d’une boite de nuit. Je ne dors plus. Je ne dis rien, car si je me plains, le propriétaire menace de me mettre dehors avec mes enfants. Je n’ai qu’une fenêtre au rez-de-chaussée, je n’ai aucune lumière. Il n’y a pas d’aération dans la cuisine, le carrelage jaunit. Je voudrais trouver autre chose, mais c’est difficile. J’ai pris cette maison parce que je n’avais pas d’autre solution, c’était ça ou la rue. Je n’ai pas les moyens de déménager, j’ai à peine de quoi m’en sortir. Ce qui me révolte, c’est qu’il existe beaucoup de bâtiments publics vides ».

Nicole (Namur)

« Après mon divorce, je me suis retrouvée toute seule, sans emploi. J’avais beau chercher un studio, personne ne me voulait. Même si j’étais prête à payer plus. J’étais seule et au chômage. J’étais le pire scénario pour les propriétaires. Chaque fois que j’allais me présenter, même pour un taudis, même pour un kot, ils ne me voulaient pas. J’étais désespérée. Heureusement, j’ai obtenu l’aide d’un avocat. J’ai appris que j’avais droit au CPAS, à des aides. Que je pouvais introduire une demande pour un logement social ! J’y suis allée ».

L’ASBL AMA

Créée en mai 1968, la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA) fédère des institutions assurant l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement d’adultes et de familles en difficultés psychosociales mais aussi des personnes morales ou physiques actives dans le domaine de l’aide et de l’accueil de personnes en grande précarité sociale.

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