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Migrants: la Porte d’Ulysse va-t-elle fermer ce samedi? L’inquiétude grandit
La Porte d’Ulysse vit-elle ses derniers jours, dans le bâtiment du Blue Star à Haren ? Depuis décembre 2017, elle accueille tous les soirs 350 migrants dont une partie rêve d’Angleterre. Mais fin septembre, elle devra quitter le bâtiment de la région bruxelloise, loué par la ville de Bruxelles. C’était une occupation temporaire : les travaux de la future école régionale des métiers de la sécurité y sont programmés. Si aucune solution n’est trouvée, la Porte d’Ulysse fermera ses portes ce samedi, le temps de tout démonter.
« Ce camp, c’est notre maison »
19h30. Les portes viennent de s’ouvrir. Des dizaines de migrants attendaient devant, depuis une petite heure. Dans le dortoir du quatrième, chacun s’installe, fait son lit, recharge son smartphone. Isabelle Hoyé, collaboratrice permanente à la Porte d’Ulysse, prend des nouvelles des hébergés. Elle essaie de répondre à leurs questions. Nombreuses ces derniers jours : « Où est ce que je vais manger, dormir, me doucher, laver mes vêtements ? Ce sont des questions qui reviennent tous les soirs. Et la réponse est toujours une incertitude. Tous les jours pour eux c’est une incertitude, ils ne savent pas ce qu’ils vont faire d’un jour à l’autre. Où dormir, ce sera une question de plus à se poser tous les soirs ». Assis sur leurs lits, les yeux fatigués, ces quatre Syriens ont pris leurs habitudes ici. Ils y dorment depuis quatre mois, tous les soirs, ou quasiment. « Ce camp, c’est comme notre maison », explique l’un d’eux.
Se retrouver dehors aux portes de l’hiver
Il faut dire que la Porte d’Ulysse n’offre pas qu’un toit. Mais aussi une douche, des repas. « C’est aussi être aiguillé vers un premier débriefing juridique ou vers le hub humanitaire, s’il y a un problème de santé, urgent ou non. Cela fait partie d’un système intégré, la Porte d’Ulysse », explique Françoise Nice, bénévole depuis un an et demi et ancienne journaliste à la RTBF. Alors, la perspective de voir la Porte d’Ulysse fermer – même quelques jours – inquiète Mustafa, ce Palestinien qui vivait dans le camp syrien de Yarmouk : « L’hiver arrive. Il va faire froid et ça va être difficile. On vient tous d’Afrique ou du Moyen-Orient donc on n’est pas habitué à des températures si fraîches. En même temps, on est déjà des sans-abri ! Tout a un début et une fin » ! Un autre hébergé nous interpelle : « Pourquoi on ferme ce camp ? Je ne comprends pas ».
Sans solution, une dernière nuit vendredi
« Les conventions signées nous permettent de rester jusqu’au 30 septembre », explique Medhi Kassou, porte-parole de la Plateforme citoyenne. « On avait prévu 7 jours pour organiser le déménagement du lieu, donc théoriquement aujourd’hui le planning prévoit une fermeture ce samedi. La dernière nuit serait vendredi. Et l’ASBL quitterait les lieux le 30 septembre comme prévu. »
En réalité, tout le monde s’accroche à l’espoir d’une solution de dernière minute,« sinon samedi soir, on aura 350 personnes qui s’ajouteront aux 150 personnes qui sont au Parc Maximilien », rajoute Simon Franssen, employé à la Porte d’Ulysse. Nous, bénévoles et travailleurs, on se sent complètement abandonné. Alors, je n’ose même pas imaginer ce que les gars, eux ressentent. Parce qu’au final, nous, on rentrera chez nous, on retournera dans notre lit, on a notre vie qui continuera. Eux, ils seront dehors ».
Une intention politique de pérenniser le dispositif
Du côté du gouvernement bruxellois, on dit tout mettre en œuvre pour éviter ce scénario. Alain Maron, le ministre bruxellois en charge de l’aide aux personnes explique : « Ces dernières semaines, avec Monsieur Vervoort, on a trouvé une solution pour un engagement budgétaire au niveau des frais de fonctionnement de la Porte d’Ulysse. Cela indique l’intention politique de pérenniser le dispositif. Pour ça, il faut des locaux. J’hérite d’une situation antérieure avec une convention d’occupation précaire qui touche à sa fin. On met le maximum en œuvre pour trouver des solutions dans le secteur privé comme public. Il n’est pas envisageable que ces personnes se retrouvent à la rue ».
4 à 6 semaines de sursis?
Si un bâtiment est trouvé, il faudra encore l’aménager. C’est pour cette raison que la Plateforme citoyenne demande 4 à 6 semaines de plus, dans les locaux actuels. « Il y a la difficulté de trouver un nouveau bâtiment et la difficulté de l’aménager », détaille Medhi Kassou, « puisqu’il doit répondre aux normes de sécurité auxquelles on doit absolument répondre et donc ça prend du temps : il y a un passage pompiers. Cela peut prendre 4 à 6 semaines ; la seule solution qui nous permettrait d’éviter de se retrouver avec des conditions de vie dramatiques au Parc Maximilien serait de rester ici jusqu’au 31 octobre. Et dans l’intervalle d’ouvrir un autre lieu, ce qui était supposé être fait pendant le mois de septembre ».
Du côté de Bruxelles Prévention Sécurité, qui monte cette école régionale des métiers de la sécurité, on annonce une « communication » la semaine prochaine, sans plus d’explications.
Source: RTBF.be – Publié le jeudi 19 septembre 2019