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Mendicité sur le réseau de la STIB: près de 150 PV dressés en deux ans
Mendier dans un tram, un bus, un métro ou dans une station de la STIB est interdit. Depuis la fin des années 2000 et un arrêté du gouvernement bruxellois, la mendicité est proscrite. Malgré ce règlement, ces deux dernières années, près de 150 procès-verbaux ont été dressés par les agents de la société des transports en commun (91 en 2017 et 57 en 2018). Le montant de l’amende s’élève à 84 euros. Quant aux interventions des services pour des faits de mendicité n’ayant pas nécessairement donné lieu à un PV, la STIB en a répertoriées 227 en 2018 et 265 en 2017.
Mais plus de 10 ans après son adoption, ce règlement pose régulièrement question. A l’époque, la STIB avait dû préciser ses intentions sur le terrain après la diffusion d’informations relatives à une chasse aux sans-abris. L’année dernière, dans La Libre, une carte blanche signée par un usager des transports en commun bruxellois évoquait la situation des SDF obligés de solliciter une petite pièce, dans la rue et non plus dans une station de métro ou prémétro chauffée.
La mendicité n’est pas un choix
Margaux Rouben est éducatrice spécialisée à l’ASBL « Jamais sans toit » qui gère un centre d’accueil de jour pour sans-abri. « La mendicité n’est jamais qu’un moyen de subsistance, ce n’est pas un choix qu’on ferait pour avoir une vie digne. C’est un moyen de gagner un petit peu de sou pour pouvoir survivre au jour le jour dans la société telle qu’elle est actuellement avec tous les besoins qu’on peut avoir : se nourrir, se vêtir, se soigner… La mendicité n’est qu’une façon de faire cela dans l’urgence. Donc réprimer la mendicité est une grave erreur. Nous en tant que professionnels du social, nous essayons de travailler l’accompagnement et le lien avec ces personnes pour les sortir d’une situation dans laquelle elle serait obligée de se mettre dans la position de mendiant. »
Margaux Rouben reconnaît qu’au travers des contacts noués avec les sans-abris, ceux-ci expriment avoir le sentiment qu’il y a une volonté de chasser les SDF de l’espace public. « Il y a une volonté de cacher ces personnes au regard des passants. C’est encore plus grave parce que cela rend ces personnes invisibles. Elles doivent déjà se mettre en position d’infériorité, c’est déjà humiliant et dégradant. Retirer les quelques endroits dans lesquels ces personnes peuvent s’abriter, cela contribue à les rendre encore plus invisibles au yeux du public. Cela complique également notre travail qui est de recréer du lien avec les personnes sans-abri, de leur redonner une dignité. »
Le MR soutient l’interdiction
David Weystman, député bruxellois MR (opposition), a interpellé à ce sujet Pascal Smet (sp.a), le ministre bruxellois des Transports. Pour le libéral, le règlement réprimant la mendicité est une bonne chose. « Je constate qu’il y a beaucoup de mendiants dans l’espace public en général et les transports en commun en particulier. Je soutiens d’une part l’interdiction de mendicité de la STIB. Je demande une politique ferme et humaine. Humaine car on doit augmenter les budgets pour renvoyer les sans-abri vers les structures d’accueil. Et plus ferme pour s’assurer que les mendiants et notamment les plus violents ne mendient plus. S’ils ont des réactions négatives, on doit pouvoir aller jusqu’à dresser des amendes. Ce système doit être dissuasif. Ce n’est pas acceptable qu’on laisse mendier des gens et qu’on les laisse dormir dans les stations jour et nuit. Ces personnes, souvent, ne sont pas informées qu’il existe des structures d’accueil adaptée. Mais je suis également pour que, quand il y a de la mendicité agressive envers les usagers de la STIB, on puisse diriger ces personnes vers l’extérieur et les sanctionner. »
De son côté, la STIB précise que ses agents tentent d’adopter une approche humaine avant de passer à la répression. « Si la personne n’est pas agressive, si elle obtempère sans violence, aucun procès-verbal n’est dressé. S’il y a refus et agressivité, là une amende est dressée« , précise Cindy Arents, porte-parole de la société.
La STIB ajoute qu’outre les quelque 150 PV dressés en 2017 et 2018, plus de 280 ont été rédigés entre 2010 et 2016 (26 en 2010, 13 en 2011, 12 en 2012, 138 en 2013, 34 en 2014, 34 en 2015, 27 en 2016).
Source: RTBF.be – Publié le jeudi 04 avril 2019