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75 ans de la sécurité sociale en Belgique: « il faut simplifier le système pour en améliorer son accès »
Que ce soit pour une visite chez le médecin, les allocations de chômage, les retraites ou lors d’accidents du travail, la Sécurité sociale intervient. Ce système d’aides collectives a vu le jour il y a 75 ans, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Alors tout le monde aujourd’hui est concerné d’une manière ou d’une autre par la Sécurité sociale. Elle fait partie de notre quotidien, mais le système est-il encore adapté finalement à notre société ?
Invité au micro de Sophie Brems, Laurence Noël, collaboratrice scientifique à l’Observatoire de la santé et du social de la Région de Bruxelles-capitale, confirme que « si les risques sociaux (la mort, la maladie, la pension,…) sont les mêmes, tout a effectivement changé puisqu’il y a une pression démographique dans certaines parties du pays et un vieillissement dans d’autres. La marché du travail s’est également profondément modifié et les structures familiales sont de moins en moins stable. Enfin, on constate qu’il y a un mouvement de précarisation des personnes avec des statuts de plus en plus instables et des revenus de plus en plus instables pour les personnes. »
Objectif atteint?
D’après une étude menée par cet Observatoire de la santé et du social de la Région de Bruxelles-capitale sur la pauvreté à Bruxelles, les personnes les plus précarisées sont parfois même exclues de la sécurité sociale, à présent. D’où cette question, l’objectif de la Sécurité sociale est-il atteint? « Malheureusement de plus en plus de personnes sont exclues effectivement. Il y a de plus en plus de restrictions de droits, de plus en plus de conditions de droits, d’injonctions, de parcours pré-construits que les gens doivent suivre et effectivement, de plus en plus d’exclusions. »
Dés lors, pour quelles raisons les personnes qui ont droit à la sécurité sociale maintenant n’en bénéficient-ils plus? Pour Laurence Noël, « d’abord les intervenants ne connaissent pas leurs droits. Ils ont trop d’informations, trop peu d’informations ou des informations contradictoires d’un guichet à l’autre. Ensuite, les personnes ne demandent pas à quels sont leurs droits, car elles refusent qu’on les stigmatise et ne veulent plus être en contact avec des institutions de la Sécurité sociale. » La raison la plus identifiée, suite à l’étude de l’Observatoire, est le manque d’accessibilité aux institutions. « C’est vraiment le parcours du combattant, le passage d’un guichet à l’autre, les conditions d’accès de plus en plus nombreuses » explique-t-elle. Enfin, outre les intervenants chargés d’expliquer qui a droit à quoi qui sont débordés, il y a l’exclusion des personnes d’obtenir ces droits octroyés par la Sécurité sociale. « Les droits se restreignent de plus en plus, mais parfois la situation typique c’est qu’on refuse de donner ces droits à la personne. On sait bien, disent certains accompagnateurs de chez Actiris, qu’une personne qui n’a pas d’imprimante chez elle, qui n’a rien du tout, qui est très éloignée du marché de l’emploi va se faire exclure de l’assurance chômage ».
« Il faut simplifier le système pour le rendre plus lisible »
Toujours d’après Laurence Noël, « il est important de rendre visible toutes ces personnes qui sont sans droits, qui ne sont pas présents dans les chiffres, ni dans les statistiques, et donc hors-circuit. Il faut également rendre plus simple le système pour en renforcer l’accès. » Et de conclure, « la sécurité sociale est un système indispensable et le pays n’aurait pas le même visage si elle n’existait plus. Les intervenants disent bien qu’il faut renforcer, réinvestir, et que finalement toute la technologie d’aujourd’hui au service de la Sécurité sociale, qui la rend si efficace serve davantage à la proactivité et à octroyer des droits plutôt qu’à lutter contre la fraude sociale.